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L'Afrique aux Africains | Réponse ouverte à Jean-Paul Mira




« Si je peux être provocateur. Est-ce qu'on ne devrait pas faire cette étude en Afrique où y a pas de masques, pas de traitements, pas de réanimation. Un peu comme c'est fait d'ailleurs pour certaines études dans le SIDA ou chez les prostituées. On essaye des choses parce qu'on sait qu'elles sont hautement exposées et elle se protègent pas. Qu'est-ce que vous en pensez ? »
Jean-Paul Mira                                                           
Chef de service de médecine intensive et réanimation, Hôpital Cochin - France


Mr. Mira, je vous dis monsieur et je vous vouvoie et je ne cherche point à être provocatrice, parce que je n'en vois nullement l'intérêt. Je vous parle dans votre langue pour que vous puissiez assimiler tout ce que je vous dirai, ou du moins, l'essentiel de ce que j’écrirai. Je vous écris cette « Réponse ouverte » parce que je ne détiens pas la vérité absolue. Je ne fais qu'assurer la continuité des avis de mes concitoyens africains en Afrique et dans la Diaspora. Je vous écris d'Algérie, une ex-colonie française concernée par le décret de Victor Schœlcher de 1848 qui décide l'abolition de l'esclavage en France et dans ses colonies, à savoir celles en Afrique. Il y a de cela 172 ans !

Mr. Mira, j'aimerai maintenant vous rafraîchir la mémoire, ou du moins, j'essayerai. La dernière colonie française en Afrique, le Djibouti, a eu son indépendance le 27 juin 1977. Il y a de cela 43 ans ! Je vous écris monsieur pour vous annoncer une nouvelle qui pourrait vous déstabiliser, sans provocation évidemment, mais sachez que l'Afrique est un continent. Un très grand continent abritant un peu plus de 1.2 milliard de personnes. Et je vous invite à présent à essayer de deviner ce que vous avez fait monsieur ...

Vous avez, vêtu de votre qualité de « provocateur », rassembler plus de 1.2 milliard d'êtres humains, de récits de vie et d'ambitions en une phrase aussi «provocatrice» que votre semblant de discours. Vous nous avez assimilés en un continent « où y a pas de masque, pas de traitements, pas de réanimations », comme si vous aviez les clés de la maison. Je vous laisse imaginer le degré d'égocentrisme, d'intolérance et de sottise que porte votre discours. 

Monsieur, il n'existe pas une recette magique pour se corriger. Je ne vous demande pas de prier pardon, je ne suis qu'une Africaine parmi tant d'autres après tout. Je vous demande seulement de mesurer votre degré d'humanisme. Je vous demande de mesurer la quantité de haine que vous abritez. Je vous demande de réfléchir au sentiment de supériorité que vous portez envers ma terre et mon peuple. Monsieur, encore une fois, je ne vous demande aucunement de repenser aux maçons-bâtisseurs de votre Liberté, de vos Égalités et de vos Fraternités. Je vous invite seulement à vous documenter. Il suffit d'un Cheikh Anta Diop, d'un Léopold Senghor, d'une Assia Djebar et d'un Frantz Fanon pour réinventer votre image de l'Afrique. Monsieur, ne vous inquiétez pas, eux aussi ont pensé à vous et ont écrit en français pour que vous puissiez assimiler.

Je vous écris sans savoir si vous parviendrez à me lire, moi l'Africaine, la tiers-mondiste, l'inférieure, et j'en passe ...


Bien cordialement,
Dzayeria 



                    
        

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